Rare aéroport parfaitement binational, l'aéroport de Bâle-Mulhouse (4,2 millions de passagers en 2008, cinquième pour le trafic passagers, deuxième pour le fret) vient d'introduire une nouveauté qui tranche dans le débat parfois timoré sur la réduction des vols de nuit. Dans sa tarification aux compagnies aériennes, cet établissement public franco-suisse vient en effet d'introduire une "modulation bruit" en fonction des horaires de vols. Le principe : ceux de nuit (de 22h à 6h) vont être surtaxés tandis que ceux de journée vont bénéficier d'une réduction. Les avions les plus lourds et bruyants seront les plus taxés.
Validée par un conseil d'administration franco-suisse composé en grande partie d'élus (la région Alsace y appuie notamment les investissements d'infrastructures) et piloté par Jean-Pierre Gallo, président de la CCI Sud Alsace Mulhouse, cette décision fait suite à d'autres mesures visant à répondre aux souhaits des riverains, très sensibles au sujet, en particulier côté helvétique. La réglementation y est plus drastique qu'en France : en Suisse, les vols sont interdits entre 22h et 6h et à partir de minuit à Genève et Zurich, tandis que la spécificité du trafic sur Bâle-Mulhouse fait l'objet d'une convention entre la France et la Suisse. Laquelle vient donc à nouveau s'étoffer avec cette "modulation bruit". En incitant financièrement à voler de jour, celle-ci pourrait dissuader un peu plus les entreprises de fret à atterrir de nuit, même si Jean-Pierre Gallo se défend de fermer la porte au fret, dont la dynamique représente un "moteur de croissance pour l'aéroport et le restera mais en préservant le confort de la population". Pour l'heure, moins d'un vol sur dix se déroule la nuit sur cet aéroport, soit 82.000 vols par an.
Cette décision est par ailleurs à resituer dans le cadre des travaux engagés par l'Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (Acnusa) qui, dans son dernier rapport d'activité 2008, vient de souligner les enjeux économiques et sociaux propres au trafic nocturne et de dresser le bilan des dernières expériences visant à encadrer ses impacts et nuisances.
Morgan Boëdec / Victoires-Editions
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