Dans les cartons depuis une quinzaine de mois, le projet de loi d'orientation et de programmation et de performance de sécurité intérieure (Loppsi) va pouvoir enfin être présenté. Michèle Alliot-Marie en a dévoilé les principaux points, lundi, après avoir obtenu le "feu vert" du président de la République Nicolas Sarkozy lors de ses voeux aux forces de sécurité, la semaine dernière. Doté d'une enveloppe d'environ un milliard d'euros sur cinq ans, le texte sera destiné à moderniser les forces de police et de gendarmerie et accompagner le passage de cette dernière sous la coupe du ministère de l'Intérieur. Il comprendra aussi des mesures juridiques avec le renforcement de certaines sanctions (l'interdiction de stade passera ainsi de trois à six mois dès le premier fait constaté) ou dans le domaine de la vidéoprotection (assouplissement des règles de mise en oeuvre). La vidéoprotection dont d'ailleurs la ministre a souligné qu'elle pouvait être une solution à l'aggravation du nombre de vols à main armée commis à l'encontre des commerces de proximité. Car, avec une hausse de 15,4%, ces vols constituent l'un des points noirs du bilan 2008 de la délinquance qui lui, continue d'être plutôt orienté à la baisse. Cette hausse est imputable aux vols à main armée visant les établissements industriels et commerciaux, qui sont passés de 2.907 en 2007 à 3.502 en 2008 (+ 20,46%).
Cartocrime : un portail de localisation des crimes
De manière générale, les violences aux personnes ont augmenté de 2,40%, après un léger reflux l'an dernier. Principal sujet de préoccupation : la part croissante des violences intrafamiliales. Selon Alain Bauer, le président de l'Observatoire national de la délinquance (OND) qui a présenté ces chiffres, elles expliquent en partie l'augmentation de 6,4% des violences non crapuleuses. Mais c'est paradoxalement plutôt une bonne nouvelle, selon lui, car cela prouve au moins que les barrières au dépôt de plaintes (honte, menaces de représailles, etc.) commencent à tomber, sachant qu'aujourd'hui moins de 10% des victimes de ces violences portent plainte. Et d'encourager les services de police et de gendarmerie à travailler plus étroitement avec le secteur associatif et social. Pour "mieux appréhender et mieux combattre ce phénomène", Michèle Alliot-Marie a confié une mission au préfet Philippe de Lagune, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance. A noter également l'augmentation de 3,4% des violences sexuelles qui, selon Alain Bauer, "encombrent massivement le système judiciaire, de manière jamais vue".
Le président de l'OND a annoncé le lancement d'un portail de localisation de la criminalité baptisé "Cartocrime". Répertoriant les crimes et délits à l'échelle de la région et du département, il comportera des garde-fous pour éviter "son détournement" aux fins de palmarès des sites les plus criminogènes.
"Réunions cantonales"
La Loppsi viendra par ailleurs généraliser un certain nombre d'expérimentations locales lancées en 2008, au premier rang desquelles les unités territoriales de quartier mises en place en Seine-Saint-Denis, à Toulouse et Marseille. L'objectif : une centaine d'UTeQ et 23 compagnies de sécurisation d'ici fin 2011. Un tiers le seront dès la fin 2009 (la moitié s'agissant des compagnies de sécurisation).
S'agissant des pré-plaintes en lignes expérimentées dans les Yvelines et en Charente-Maritime, elles feront l'objet d'une évaluation au printemps 2009 avant de décider ou non leur généralisation à l'ensemble du territoire. De même, les conférences de cohésion mises en place à Seine-Saint-Denis et réunissant policiers et habitants autour du préfet ont été étendues aux départements les plus sensibles. Cette volonté de dialogue se poursuivra au niveau du canton, partout en France. Michèle Alliot-Marie a en effet annoncé "au cours des tout prochains mois" des réunions cantonales où policiers et gendarmes pourront discuter avec la population. Objectif : faire remonter les besoins de la population lors de futures assises nationales. De quoi transformer Beauvau en "ministère moderne de la protection des Français".
Michel Tendil
2008, année record pour les prises des groupes d'intervention régionaux
Le nouvel élan donné aux groupes d'intervention régionaux semble avoir porté ses fruits. L'an dernier, la ministre de l'Intérieur avait recentré leurs missions sur la lutte contre l'économie souterraine et la drogue. Un an plus tard, les chiffres sont là : les 33 GIR ont mené 905 opérations (+17,7%) qui ont conduit à la saisie de 2,6 tonnes de résine de cannabis (+213,1%) et de 16 millions d'euros en numéraire et en valeurs mobilières et immobilières.
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