C'est dans un majestueux salon de l'hôtel de ville de Paris et en présence de nombreux partenaires que les trophées de la participation et de la concertation, organisés par le think tank Décider ensemble et la Gazette des communes, ont été remis ce 14 mars. Une cérémonie imposante - organisée en partenariat avec la Caisse des Dépôts, ERDF et RTE* - pour mieux mettre à l'honneur les initiatives qui visent à redonner du pouvoir aux citoyens, à les associer aux décisions qui les concernent, à les impliquer aux différentes étapes de projets d'intérêt général. L'enjeu est de "créer en France une culture de la décision apaisée", pour Bertrand Pancher, député-maire de Bar-le-Duc (Meuse) et président de Décider ensemble.
Parmi les 12 projets lauréats, la moitié provient de la mobilisation de collectivités locales. Les autres démarches sont portées par des associations ou des entreprises. Ces projets, variés, illustrent le fait que la participation des habitants peut intervenir dans des domaines très divers, selon différentes modalités.
Des objets divers : la cantine des collèges, les politiques culturelles...
Avec sa démarche de "territoire hautement citoyen", la ville de Mulhouse a ainsi fait le choix de mener une démarche globale qui passe par différents outils – les conseils citoyens, une plateforme numérique de consultation sur des projets, un "conciliateur" pour assurer le dialogue entre l'administration et les habitants, ou encore une mission d'information et d'évaluation de la démocratie locale.
A l'inverse, avec le projet "Imagine la cantine !", le conseil général du Val-de-Marne s'est intéressé à un objet bien précis, la restauration dans les collèges, dans le cadre d'une concertation ayant mobilisé des collégiens, des parents d'élèves, des agents de cantines, le personnel administratif et pédagogique d'établissements, etc.
A Séné (Morbihan), les journées "Aux œuvres citoyens !" sont destinées à "questionner la place des habitants dans les politiques culturelles locales". La démarche associe la mairie et des habitants réunis dans des groupes locaux d'orientation et de programme (les "Glops"), particulièrement impliqués dans la vie culturelle locale et chargés d'être force de propositions.
Un besoin en ingénierie dans de nombreux territoires
A Hazebrouck (Nord), la démarche menée autour de la co-écriture du contrat de ville avec les habitants a conduit la ville à expérimenter des formats conviviaux de participation – "balades urbaines", "tables citoyennes", "apéros participatifs", "soirées créatives", "fresques citoyennes", etc. – à l'échelle du quartier politique de la ville, avant de les transposer dans les autres quartiers.
Pour faire en sorte que la participation des habitants se généralise, la ville de Lyon a opté pour un plan d'actions afin de "diffuser la culture de la participation dans les services de la collectivité". Après avoir mis en place des espaces de formation des habitants et des élus, la ville estime ainsi qu'il est indispensable que les agents s'approprient ces enjeux, pour que la participation ne reste pas l'affaire d'un service isolé au sein de la collectivité.
Dans de nombreux territoires moins bien dotés que les villes de Lyon ou encore de Paris, le manque de ressources humaines et d'ingénierie peut ralentir les efforts et freiner les bonnes volontés. Le programme "dynamiques territoriales" de la Fondation de France a justement pour objet de fournir une ingénierie et des financements aux habitants, associations et autres porteurs d'initiatives dans six territoires, pour leur permettre de mettre en œuvre de façon partenariale et décloisonnée des projets de développement social.
Désamorcer des conflits en associant les usagers et les riverains
A l'appui d'outils numériques mais aussi de rencontres physiques, plusieurs démarches récompensées visent à prévenir ou désamorcer des conflits entre des opérateurs de service public et des usagers. C'est le cas de la consultation en ligne autour de la nouvelle ligne SNCF Paris-Normandie. La carte interactive soumise aux habitants des trois régions concernées (les deux anciennes régions de Normandie et l'Ile-de-France) a permis de recueillir 1.400 contributions et 7.000 votes ; des ateliers ont en outre été organisés dans six villes du parcours envisagé.
Autre exemple, dans un domaine cristallisant souvent les tensions entre les pouvoirs publics, les opérateurs et les habitants : le logement social. A Bordeaux, Aquitanis, l'office public de l'habitat de la métropole, a proposé aux riverains mécontents du projet initial de le réécrire entièrement ensemble. "Au départ, ils ne nous croyaient pas, a témoigné le représentant d'Aquitanis, à la fin, lors de la présentation à la mairie de Bordeaux, le projet était le leur."
Selon Loïc Blondiaux, professeur de science politique spécialiste de la concertation, lorsque du temps et de l'ingénierie y sont consacrés, "la participation n'est pas qu'un alibi". Une "petite minorité" d'organisations est concernée, il est donc "important de la soutenir".
Caroline Megglé
* Ces trophées comptent en outre comme partenaires GRT Gaz, SNCF Réseau et Suez Environnement, avec le soutien de la Fondation de France, du GIS Démocratie et Participation et de la Commission nationale du débat public (CNDP)
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFoq6unoJ2ypr%2BMnZxmpJFivaK%2B06KaoqiRqbawuoydnKxlk6S5rbHCraCvoaSawG6wyKyroqaXqrKmvw%3D%3D