En mars 2005, Rennes Métropole et le syndicat mixte de production d'eau du bassin rennais (SMPBR) lancent la charte "Jardiner au naturel, ça coule de source !" avec la Maison de la consommation et de l'environnement de Rennes (MCE) et l'Association des jardiniers de France sous l'égide de la DRCCRF (direction régionale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). "En 2000, Rennes Métropole et la Maison de la consommation et de l'environnement ont organisé une animation en faveur des produits écologiques dans une enseigne de jardinage. L'idée de promouvoir ces solutions alternatives en magasin a alors germé et, en 2004, elle s'est intégrée à la cinquième édition du programme 'eau et pesticides' de l'agglomération", explique Roland Gicquel, chargé de mission Environnement à Rennes Métropole. S'appuyant sur un questionnaire adressé aux jardineries pour sonder l'accueil d'une telle démarche, la collectivité a élaboré la charte avec ses partenaires. En 2005, vingt-cinq enseignes s'engagent, et bientôt trente deviennent partenaires de la charte sur l'agglomération rennaise et ses bassins versants. "Le syndicat n'oriente pas seulement son action dans l'aménagement d'infrastructures productrices d'eau, il a également pour mission la reconquête de la qualité de l’eau et doit alerter un ensemble d'acteurs, les agriculteurs comme le grand public, sur la pollution des sols et des cours d'eau. En Bretagne, la dégradation du milieu par les pesticides demeure importante et la charte nous a semblé un levier pertinent de sensibilisation", indique Marc Hervé, président du syndicat mixte de production d'eau potable du bassin rennais et conseiller municipal eau et assainissement à la ville de Rennes. L'opération se déploie à partir du circuit rennais de production d’eau potable, pour attendre 2.000 km2, 120 communes et 420.000 habitants. Depuis 2008, trente-trois magasins font la promotion des produits alternatifs aux pesticides sur le bassin rennais, soit près de 95% des magasins du territoire. Avec l’implication du conseil régional à partir de 2007, le nombre de magasins signataires n'a cessé de croître pour atteindre la centaine en 2009
Des "jardifiches" mises à disposition des magasins
"La charte du bassin rennais se présente comme un triptyque déclinant les responsabilités de chacun. La collectivité élabore et finance les dispositifs de communication, d’animation de formation et d’évaluation, les associations de consommateurs et d’environnement sont mandatées pour les accompagner dans ces démarches et les enseignes s'engagent à informer et orienter les clients grâce aux supports d'information fournis et aux conseils des vendeurs", précise Roland Gicquel. Rennes Métropole et le SMPBR financent (63.500 euros la première année et 37.000 euros annuels ensuite) et participent conjointement à la conception et à l'actualisation des outils de communication, à la formation des vendeurs ainsi qu'à l'évaluation annuelle de l'opération en magasin. "Au sein des deux collectivités, des agents suivent l'opération régulièrement : un technicien territorial du SMPBR et un chargé de mission Environnement à Rennes Métropole à 25% de leur temps la première année, puis 15% les années suivantes. En 2005, Rennes Métropole a fait appel à une agence de communication afin d'élaborer la stratégie et les visuels, et notamment le logo actuel. Ensuite, la collectivité a fait évoluer les supports en interne pour les rendre toujours plus efficients. Depuis 2007, le conseil régional de Bretagne soutient le déploiement de la charte sur son territoire et, depuis 2009, finance notamment la production des supports, soit environ 80.000 euros annuels en fonction des actions menées. En plus d'organiser des conférences de presse et des campagnes d'affichage régulières, les porteurs de l’opération ont mis à disposition des enseignes différents types de supports (un présentoir de fiches conseils appelées "jardifiches", des petits panneaux, des livrets plastifiés thématiques à consulter en magasin, des autocollants du logo de la charte à apposer sur les produits alternatifs conseillés...) Par ailleurs, plusieurs événements grand public valorisent la charte : expositions, conférences, portes ouvertes "Bienvenue dans mon jardin" avec la visite de jardins privatifs et, enfin, un jeu-concours dans chacune des enseignes participantes. "Pour la formation du personnel des enseignes, nous faisons intervenir des experts en jardinage biologique auprès des vendeurs des jardineries souvent peu formés à l’écologie au jardin", explique Roland Gicquel. En 2010, de nouvelles sessions d’une journée de formation seront proposés aux vendeurs. Ces derniers reçoivent une attestation que certaines enseignes affichent en magasin afin de mettre en valeur la qualification du personnel.
La charte "Jardiner au naturel, ça coule de source" peut être acquise par d’autres collectivités
L'évaluation annuelle qui est faite du dispositif concerne l'ensemble des partenaires de la charte, y compris les porteurs du projet. Les dispositifs de communication ont ainsi été améliorés et réactualisés, comme les informations sur les produits. Par exemple, le présentoir des "jardifiches" a été retravaillé et confectionné par un centre d'aide par le travail (CAT). Du côté des consommateurs, l'évolution des comportements reste délicate à apprécier, car les chiffres de vente sont difficiles à exploiter. Malgré tout, on remarque une hausse globale des achats de produits alternatifs comme les paillages, les composteurs, les engrais verts. Alors qu'au niveau national, le marché des désherbants a augmenté de 2,5% en 2005-2006, il a diminué de 12% en 2004-2005 et de 16% l'année suivante sur le territoire de la charte. Par ailleurs, la progression des ventes des traitements biologiques est supérieure de quatre points à l'évolution nationale, soit 10% en 2005-2006.
En 2008, Rennes Métropole, le SMPBR et la MCE ont déposé le logo et le slogan "Jardiner au naturel, ça coule de source" afin de protéger ce concept dans le cadre de sa transposition sur d'autres territoires. "L'opération peut être reprise par d'autres collectivités, mais elle doit être appliquée dans des termes identiques. Nous avons notamment élaboré un CD-Rom pour expliquer la méthodologie à adopter", précise Roland Gicquel. La charte peut être acquise pour un forfait de 6.000 euros en échange d'un accompagnement technique. La première collectivité concernée est Brest Métropole Océane. "La MCE est à présent mandatée par la région Bretagne pour poursuivre l'extension de la charte sur le territoire breton. Orléans, Pamiers ou Besançon nous ont également sollicités." Pour cette opération originale, les partenaires de la charte ont reçu le Trophée de l’association des Ecomaires en 2005 et le prix Territoria 2008 décerné par l'Observatoire national de l'innovation publique.
Laura Henimann / PCA, pour la rubrique Expériences du site Mairie-conseils
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFonLGolae2prrCnmarnZ6jsrR5zJ6rq6egpLmmecinmqKslWK5pr%2BMoZiboaSWu7W%2FjKWYZqiilsGqvdSeZJ2tXZ%2Bus7DIp5ignV2jrrXB0Z6j