Testé positif au Covid-19 la semaine dernière, l'ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian, 75 ans, est mort dans la nuit du 28 au 29 mars des suites du coronavirus. Cette figure de la droite, qui présidait depuis 2007 le conseil départemental des Hauts-de-Seine, avait été placé en observation mercredi dans un hôpital du département. Jeudi, il indiquait dans un tweet être "touché par l'épidémie, donc à même de témoigner directement du travail exceptionnel des médecins et de tous les personnels soignants".
Avocat de profession, Patrick Devedjian fut député de la 13e circonscription des Hauts-de-Seine de 1986 à 2017, maire d'Antony de 1983 à 2002 et élu conseiller départemental en 2004. Il fut également porte-parole du RPR de 1999 à 2001 et secrétaire général de l'UMP de 2007 à 2008 et occupa plusieurs fonctions gouvernementales. Il fut d'abord ministre délégué chargé des libertés locales (2002-2004), puis ministre délégué à l'Industrie et enfin ministre chargé du plan de relance, de 2008 à 2010, en pleine crise financière.
Son premier portefeuille ministériel l'a conduit à préparer le fameux "acte II" de la décentralisation voulu par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. On se souvient notamment des Assises des libertés locales organisées un peu partout en France puis clôturées par Jean-Pierre Raffarin en février 2003 avec, entre autres, l'annonce du transfert des personnels non-enseignants des collèges et lycées aux collectivités.
Il présida également l'établissement public d'aménagement du quartier d'affaires de La Défense (Epad) de 2007 à 2009. Il s'opposa à Nicolas Sarkozy, alors président de la République, qui tenta, en vain, d'imposer à sa tête son fils Jean, alors que Patrick Devedjian devait laisser la place, atteint par la limite d'âge. La polémique passée, il oeuvra à la création de l'établissement public Paris-La Défense, dont il prit la présidence en janvier 2018.
Patrick Devedjian était par ailleurs administrateur du musée du Louvre. Il fut à l'initiative de la construction du grand complexe culturel la Seine musicale à Boulogne-Billancourt et de l'enceinte événementielle Paris-La Défense Arena à Nanterre. Dernièrement, il portait le projet de création du Musée du Grand Siècle dans la caserne Sully à Saint-Cloud.
Emmanuel Macron a rendu hommage à "un esprit libre qui voulut toujours penser la droite dans la nuance et la complexité". Les éloges et réactions ont afflué dimanche. François Hollande, Nicolas Sarkozy, François Fillon… ou encore Jacques Toubon, actuel Défenseur des droits et ancien ministre. Jacques Toubon a rendu hommage à un "combattant intransigeant des libertés, des droits de l'Homme et des droits de la défense", notamment "pour la reconnaissance du génocide arménien". Fier de ses origines arméniennes, Patrick Devedjian s'était en effet engagé depuis longtemps dans ce combat.
Dominique Bussereau, le président de l'Assemblée des départements de France, a pour sa part évoqué "un talentueux défenseur de la décentralisation, un grand président de département qui continua, après Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy, à faire des Hauts-de-Seine un laboratoire des innovations, des impossibles devenus possibles". "Sa volonté d’unir son département avec les Yvelines aura été un de ses derniers grands projets", ajoute le président de l'ADF.
Patrick Devedjian avait en effet engagé dès 2016 un projet de fusion des Hauts-de-Seine avec le département des Yvelines, dirigé par Pierre Bédier. "Ensemble nous avons porté le combat pour une métropole parisienne digne de ce nom (...). Honorer sa mémoire, c'est poursuivre son combat", a réagi Pierre Bédier dans un communiqué.
De très nombreux présidents de département lui ont rendu hommage. Dont tous ses autres homologues des départements franciliens, au-delà des couleurs politiques. En sachant que plusieurs initiatives – et batailles – communes avaient récemment été menées, qu'il s'agisse de la défense de ces départements, de la mise en place d'un "fonds de solidarité et d'investissement Interdépartemental" ou, en novembre dernier, du refus de voir leurs recettes de DMTO prélevées pour contribuer au financement de la Société du Grand Paris.
On compte d'autres élus locaux parmi les victimes ces derniers jours du Covid-19. Dont Alain Lescouet, maire de Saint-Brice-Courcelles (Marne) et vice-président de la communauté urbaine du Grand Reims, décédé vendredi à 74 ans. Ou encore Daniel Davisse, le maire honoraire de Choisy-le-Roi et maire PCF de cette ville de Val-de-Marne pendant 18 ans, décédé ce dimanche à Créteil. Ou bien Jacques Lajeanne, maire de Beurey-Bauguay, un village de 130 habitants en Côte-d'Or, décédé à 82 ans, tombé malade du coronavirus "une semaine après" avoir assisté aux opérations de vote du premier tour des municipales, tandis que dans le Bas-Rhin, le maire du village de Saint-Nabor, 500 habitants, François Lantz, 74 ans, est décédé ce vendredi à l'hôpital, après avoir lui aussi contracté le Covid-19.
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