Avec 136.000 emplois en 2008, les professions "vertes" ne représentent encore que 0,5% de l'emploi total en France. C'est ce que révèle une étude publiée le 13 mars 2012 par la Dares (ministère du Travail) sur la typologie et les caractéristiques des professions de l'économie verte. Ces emplois sont de plus inégalement répartis sur le territoire. Leur poids est ainsi nettement supérieur à la moyenne nationale en région Centre (+42%) et dans une moindre mesure en Haute-Normandie (+25%), en Lorraine (+22%) et en Corse (+21%). Ces emplois verts sont également surreprésentés à la Réunion, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Midi-Pyrénées, en Champagne-Ardenne et en Aquitaine. A l'inverse, ils sont moins fréquents dans l'ouest de la France (Pays-de-la-Loire, Bretagne, Basse-Normandie), mais aussi en Alsace et en Ile-de-France. Cela dit, la répartition territoriale des différentes professions vertes ne suit pas forcément ce découpage. "Ainsi, en Ile-de-France, les professions d'agents techniques forestiers ou de gardes des espaces naturels ont un poids relativement faible dans l'emploi, alors que les ingénieurs et cadres des professions vertes sont plutôt surreprésentés", détaille l'étude.
Pour éviter les confusions, le document de la Dares tente de classifier les différents emplois de l'économie verte en distinguant les métiers verts et les emplois dits "verdissants", beaucoup plus nombreux. D'après la définition donnée par l'Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte*, les professions vertes sont celles dont "la finalité et les compétences mises en oeuvre contribuent à mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l'environnement". Les professions verdissantes sont quant à elles plus difficiles à identifier. Elles correspondent aux métiers qui sont ou seront prochainement amenés à évoluer pour s'adapter aux nouvelles exigences et préoccupations environnementales (rénovation thermique, nouvelle réglementation…). Une soixantaine de professions ont été identifiées par l'observatoire, qui représentent entre 3,6 et 4 millions d'emplois en 2008.
Les régions ciblent les emplois verdissants
Dans leurs actions pour développer ces emplois localement, "les régions ciblent principalement les emplois verdissants, car c'est là que le gisement d'emplois est le plus important, explique Guilhem Isaac-Georges, conseiller développement durable, logement et communication web à l'Association des régions de France (ARF). Elles ciblent essentiellement les nouveaux métiers du bâtiment". Des observatoires régionaux ont notamment été mis en place dans plusieurs régions. Ils permettent de faire un diagnostic sur les métiers verts, les formations disponibles et les besoins à venir. Depuis janvier 2010, dans le cadre du projet national d'animation et de planification d'actions emploi-formation sur des métiers de l'économie verte, porté par l'Alliance villes emploi (AVE) et l'Ademe, un diagnostic territorial a été élaboré en région Rhône-Alpes avec l'aide de la maison de l'emploi et de la formation de Lyon et Pôle emploi. Il fait le point sur les opportunités et les freins en matière d'emploi et de formation, en relation avec la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, sur la filière "bâtiment et énergies renouvelables". Ce travail a permis la construction d'un plan d'actions pour l'agglomération lyonnaise, pour faciliter l'accès à des emplois verts ou verdissants à des personnes qui en sont privées ou dont l'emploi est menacé. Pour la région Bourgogne, le travail a été effectué en lien avec l'observatoire régional de l'emploi et de la formation (Oref) : un état des lieux sur les métiers de la croissance verte avec en bout de course un plan de continuité professionnel orienté vers les licenciés économiques et les salariés fragiles. "Cela permet de redéfinir les plans de formation sur du concret", assure Guilhem Isaac-Georges.
Au sein des collectivités, les choses évoluent aussi beaucoup. "En Midi-Pyrénées, on est ainsi passé d'un petit service de cinq personnes à une direction générale de trente-cinq personnes", précise le conseiller de l'ARF. Le potentiel est donc bien là, reste à développer la formation nécessaire, puisqu'"on manque terriblement de gens formés, et même de formateurs", assure Guilhem Isaac-Georges…
Emilie Zapalski
* L'Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte est né du plan de mobilisation des filières et des territoires présenté lors de la conférence nationale sur les métiers de l'économie verte le 28 janvier 2010. Il répond au besoin d'identifier et de mieux cerner les emplois de cette nouvelle croissance.
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