Lors d'une prise de parole inattendue à l'issue d'un Conseil de défense autour d'Emmanuel Macron, le chef du gouvernement a souligné vendredi 29 janvier dans la soirée depuis l'Élysée que "la question d'un confinement se pose légitimement". Mais, a-t-il ajouté, "nous en connaissons l'impact très lourd sur tous les plans". Pas de troisième confinement dans l'immédiat donc. Mais quelques nouvelles restrictions. Que d'aucuns ne manqueront pas de juger insuffisantes.
Les centres commerciaux non-alimentaires de plus de 20.000 m2, "c'est-à-dire ceux qui favorisent le plus de brassage", seront fermés en France dès ce dimanche. Et, à partir de lundi, les jauges de fréquentation "seront renforcées dans toutes les grandes surfaces".
Concernant les centres commerciaux, on se souvient qu'ils n'avaient pas été autorisés à rouvrir tout de suite en mai dernier à l'issue du premier confinement. Sauf que le maintien de la fermeture visait alors uniquement les centres commerciaux deux fois plus grands (plus de 40.000 m2) et ayant "une zone de chalandise allant au-delà du bassin de vie". En consultant les chiffres du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), la mesure annoncée ce vendredi devrait impliquer la fermeture d'environ la moitié des 835 centres commerciaux du pays (21 centres "super régionaux", 87 "régionaux" et 280 "grands" centres).
Toutefois, selon le CNCC, "le terme de 'centre commercial non alimentaire de plus de 20.000m²' utilisé par le Premier Ministre exige une explication de texte" : "S’agit-il de centres ne comprenant pas de grande ou moyenne surface alimentaire ? Dans le cas de centre comprenant une telle surface, celle-ci doit-elle être déduite de la superficie totale ? Doit-on comprendre que ces 20.000m² ne comprennent que la surface accessible aux consommateurs ? Autant de questions auxquelles le CNCC attend des réponses précises du gouvernement", a-t-il réagi. A priori, dès dimanche, dans les grands centres commerciaux, pourront seulement rester ouverts les supermarchés et hypermarchés ainsi que les magasins alimentaires présents dans les galeries marchandes. Fondamentalement, le CNCC affirme ne pas comprendre "pourquoi ces centres sont aujourd’hui stigmatisés" et pourquoi cette décision "n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable".
Pour Jacques Creyssel, président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD, regroupant la plupart des enseignes de la grande distribution)."l'important, maintenant, c'est que pour les commerces et les centres commerciaux concernés, il y ait des mesures financières qui soient prises pour compenser les pertes". C'est "une nouvelle plus positive qu'une fermeture généralisée des commerces non alimentaires, qui avait été envisagée", a-t-il reconnu auprès de l'AFP : "Cela permet de faire en sorte que l'ensemble des autres commerces en France restent ouverts. Cela permet aussi de ne pas repartir sur ce débat entre commerces essentiels et non essentiels, ce qui était notre priorité", a-t-il ajouté. Les annonces gouvernementales vont "dans le bon sens" et sont "responsables", a renchéri Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France (qui représente les indépendants). Le Medef a de son côté estimé que le gouvernement, "en conciliant exigences sanitaires et économiques, tire les leçons des premiers confinements".
Concernant l'évolution des jauges, pour lesquelles Jean Castex n'a pas donné de détails, "ce qui avait été envisagé" lors des discussions avec le gouvernement, "c'était de passer d'un client pour 8 m2 à un client pour 10 m2, c'est sur ce quoi nous avions travaillé ensemble", a précisé le président de la FCD.
Emmanuel Le Roch délégué général de la fédération du commerce spécialisé Procos, qui représente quelque 60.000 magasins de tous les secteurs sauf la grande distribution alimentaire (et qui tenait le matin même une conférence de presse le matin même sur les résultats 2020 du commerce spécialisé... voir notre article de ce jour), parle toutefois d'une "injustice" : "On va avoir des boutiques, de mêmes commerces voire même de mêmes enseignes qui vont être fermées dans ces centres et qui vont pouvoir ouvrir en centre-ville ou en zones commerciales", a-t-il regretté. Il a appelé le gouvernement à "assumer" sa décision et, "pour rassurer tout le monde, de mettre en place dès la semaine prochaine les aides qui correspondent à cette décision" car "les systèmes d'aides tels qu'ils existent aujourd'hui ne permettent pas de répondre aux problèmes des entreprises moyennes et grandes".
À partir de dimanche 00h00, la France va par ailleurs fermer ses frontières aux pays extérieurs à l'Union européenne, "sauf motif impérieux". Le Premier ministre a en outre précisé qu'un test PCR négatif serait désormais demandé pour toute entrée en France en provenance d'un pays de l'UE, "à l'exception des travailleurs transfrontaliers". Cette mesure, déjà en vigueur depuis dimanche dernier pour le transport maritime et aérien, doit donc être étendue au transport terrestre. Enfin, tous les déplacements en provenance et en direction de tous les territoires ultramarins seront également soumis à la production de motifs impérieux à compter de dimanche.
Le Premier ministre a également assuré qu'un renforcement des contrôles du couvre-feu de 18h00, des fêtes clandestines et de "l'ouverture illégale" des restaurants sera déployé, afin que "les dérives de quelques-uns ne (...) ruinent pas les efforts de tous". Une "consigne de particulière fermeté sera appliquée pour ceux qui fraudent les règles en vigueur".
Enfin, Jean Castex a insisté sur le télétravail qui, "dans toutes les entreprises où cela est possible", devra "être renforcé". Et ce, y compris "dans les administrations publiques".
L'exécutif avait réuni ce vendredi un Conseil de défense sanitaire jugé crucial, après plusieurs jours d'incertitudes quant à la mise en place d'un nouveau confinement, et deux jours de consultations du gouvernement avec les groupes politiques au Parlement, associations d'élus locaux et syndicats, au moment où la campagne de vaccination risque de ralentir du fait d'une baisse des livraisons des laboratoires. Sur le front de la propagation de l'épidémie, le chef du gouvernement a estimé que la situation est "préoccupante" même si elle "reste mieux maitrisée en France que chez beaucoup de nos voisins". La crainte porte en premier lieu sur les variants, qui représenteraient désormais un dixième des cas en France. La situation est particulièrement difficile dans certaines régions, comme en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, où six transferts de malades ont eu lieu cette semaine vers d'autres territoires, notamment en Bretagne et en Occitanie.
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